Groupe ethnique et risque d’infection par le SARS-CoV-2 chez le personnel de santé : résultats d’une large cohorte occupationnelle au Royaume-Uni

  

Contexte : Au début de la pandémie, les personnels de santé issus de minorités ethniques représentaient les deux tiers des décès liés au COVID-19, alors que ces minorités constituent moins d’un tiers des personnels de santé au Royaume-Uni. Si cette surmortalité peut s’expliquer par le risque d’infection par le SARS-CoV-2 plus élevé, les raisons de cette surexposition restent mal comprises. L’objectif de notre étude était de quantifier le risque d'infection par le SARS-CoV-2 chez les personnels de santé issus de minorités ethniques et d’identifier les facteurs expliquant leur surexposition.

Méthodes : Une étude de cohorte rétrospective d’un an a été menée auprès des employés du National Health Service travaillant dans 123 établissements de la région du Lincolnshire, au Royaume-Uni. Les tests PCR positifs réalisés par les personnels ont été collectés en routine durant la période d’étude. Un modèle de régression de Cox a été réalisé pour identifier les facteurs de risque associés à un test SARS-CoV-2 positif.

Résultats : Au total, 13 366 employés ont été inclus. L'incidence du SRAS-CoV-2 par personne-année était de 5,2 % [IC 95 % : 3,6 %-7,6 %] lors de la première vague (janvier-août 2020) et de 17,2 % [13,5 %-22,0 %] lors de la deuxième vague (septembre 2020-février 2021). Comparativement à ceux se déclarant blancs d'origine anglaise, ceux se déclarant noirs afro-descendants et sud-asiatiques présentaient un risque plus élevé d'infection par le SRAS-CoV-2 durant la première vague (HR, 1,58 [0,91-2,75] et 1,69 [1,07-2,66] respectivement) et la deuxième (HR 2,09 [1,57-2,76] et 1,46 [1,24-1,71]). Le risque plus élevé d'infection par le SARS-CoV-2 persistait de manière significative après le contrôle de l'âge, du sexe, du niveau de rémunération, du milieu de vie, du type de profession et du temps d'exposition sur le lieu de travail. Un risque ajusté plus élevé d'infection par le SARS-CoV-2 a également été constaté chez les femmes et les employés les moins bien rémunérés.

Conclusions : Les professionnels de la santé d'origine afro-descendante et sud-asiatique ont été les plus exposés au SRAS-CoV-2 pendant la première année de l'épidémie. Il est urgent de prendre des mesures pour éviter leur surexposition lors de futures épidémies.